Dans cette riche aventure que nous vivons, il arrive parfois de prendre le mauvais chemin, quoi que…
Après 4h de traversée en mer, nous avons posé nos sacs à dos sur l’île de Yakushima.
Première pensée avant d’arriver : c’est une petite île avec un accès facile. Or l’île fait 28,3 km de long, présente 132 km de côtes et culmine à 1 935 m.
Nous n’avons pas pu faire traduire notre permis de conduire en japonais avant d’arriver. Grave erreur… Impossible de nous déplacer ou presque. La ligne qui desservait notre Guesthouse ne proposait que 2 bus le matin (à 7h33 et 9h33) et deux bus l’après-midi pour revenir… autrement dit, pas intérêt de se rater. La guesthouse se trouvant également isolée de la première ville, nous étions totalement dépendant de notre hôte pour manger et nous déplacer.
La Daichan House et… Mi kun
Nous voilà débarqués chez notre hôte, ‘Mi kun’, un tout petit bonhomme d’apparence étrange et pourtant si tellement incroyablement gentil !
Mi Kun est arrivé à Yakushima en l’an 2 000 avec sa femme et sa fille, où il a ouvert deux yourtes en 2005. Il a eu une vie très dure : la perte de ses parents, très jeune, l’a contraint à travailler de longues heures pour subvenir aux besoins de sa fratrie et financer le mariage de sa sœur.
Originaire de Hinato, il a décidé d’émigrer dans un premier temps pour se reposer, puis il a bâti ce petit bout de vie sur cette île. On sent qu’il y est attaché et qu’il met tout son cœur pour nous en faire partager les joyaux.
En rentrant du restaurant, Mi Kun a pris un autre chemin que celui de sa maison. Il faisait nuit noir. Les routes étaient désertes… On s’est tous demandé où il nous emmenait ? Personne ne parlait. Puis, il a garé sa voiture sur un parking, nous a donné des lampes torches et on est parti à pieds dans la nuit noire… « Et je vis le Congo, serpentin de moire, traverser la forêt dans un éclair noir… Et je vis le Congo… ». On aurait dit une exécution avec ce sentiment d’inconfort, nous en remettant au bon vouloir de notre bourreau.
Après 5 min de marche, avec son téléphone et son traducteur intégré, Mi Kun nous a expliqué qu’ici lorsque la mer se retranche, alors l’eau est claire, voire transparente, et on peut y voir de magnifiques récifs coralliens. Sous cette nuit étoilée, ce qui semblait être un cauchemar, c’est soudain transformé en une réalité toute autre : il nous offrait tout simplement une jolie promenade au clair de lune, sous un ciel étoilé, pour nous faire partager à sa manière son petit paradis.
Il nous a également expliqué que de gros blocs de granit étaient tombés de la montagne, formant ainsi cette jolie plage du nom de « Haruta Hama Beach – Anbo ».
En poursuivant notre route, il s’est arrêté au bord de la route, a ouvert sa fenêtre, et a éclairé à la torche une petite cabane confinée dans un fourré de verdure. Il nous a raconté qu’à cet endroit, a été découvert un squelette d’homme de Neandertal, qui coule désormais des jours heureux à l’université de Tokyo.
De retour à la Daichan House, il nous a fait frotter deux pierres, extirpées d’une vieille soupière en guise de déco dans son jardin, lesquelles contenaient du tungstène. Cela a bien amusé les filles de découvrir comment on pouvait faire du feu à partir de deux cailloux ! Il s’avère que l’île est riche en minerais. On trouve également des traces de quartz.
Enfin, il a clôt la journée en nous expliquant que le daim grillé est un met très apprécié ici et que certains habitants de l’autre côté de l’île mangent de la cervelle de singe (ah ah !). Ces deux espèces étant très largement répandues sur Yakushima.
Bref, s’endormir avec toutes ces histoires en tête, la moiteur du lieu, l’odeur de renfermé de la yourte qui n’a pas de fenêtre et sa lumière blanche, autant vous dire que la nuit ne fût pas bonne.
Shiratani Unsuikyo
Le lendemain, les appréhensions de la veille s’étaient dissipées. Le treck de 4h dans la forêt enchantée ‘Shiratani unsuikyo’ fût certes fatiguant, mais d’une beauté incroyable : un enchevêtrement de racines, mélange de mousses vertes et humides, des marches en bois et en pierre frayant le chemin des nombreux touristes qui, comme nous, écarquillent leurs yeux sur des arbres aux troncs orange, de petits torrents, des cours d’eau limpides, des cèdres millénaires, aussi hauts que gros, où vivent en totale liberté les macaques, les daims, les araignées, les sangsues de terre et autres bêtes.
Nous avons ensuite fait une halte à l’endroit où Hayao Miyasaki s’est inspiré pour le dessin animé ‘Princesse Mononoké’, très populaire au Japon.
Le point culminant est une magnifique vue offrant un grand panorama de l’île, sublime ! Heureux de l’avoir fait tous les 4 !
Puis vînt le retour… un vrai cauchemar. Le ciel s’est soudainement assombri, la pluie fine est devenue intense, les animaux se sont cachés, les paysages se sont obscurcis et nous voilà à descendre sous une pluie battante, sans habits de pluie ni même de chaussures de randonnée.
Nous étions trempés, fatigués de descendre, grimper, nous agripper sous cette pluie qui n’en finissait pas avec notre petite Lucie qui pleurait de froid ; c’était un moment difficile pour nous 4.
On a fini par retrouver nos esprits. Après avoir essoré nos habits détrempés, nous avons sauté dans le premier bus et réchauffé les filles comme nous pouvions. Cette randonnée s’est donc achevée sur une sensation douce-amère : nous avions à la fois adoré et détesté cette journée !
D’un commun accord, nous avons décidé de quitter l’île le lendemain matin n’ayant pas les ressources nécessaires (voiture et matériel de treck) pour profiter de cette belle aventure.
Pour ma part, c’est le cœur léger que je pars retrouver la civilisation, avec dans mon esprit, une belle rencontre, celle de ce petit bonhomme, et un magnifique treck malgré tout.
Laetitia
Les photos sont superbes ! Imaginez qu’en vous lisant on rêverait de faire ce beau parcours, même au prix d’une douche froide sur la descente ! Bises à vous quatre.
Merci Fabrice. Pour le coup, vraie belle frayeur. Cela nous servira de leçon pour la suite. La pluie diluvienne a transformé la jolie cascade de l’allée en un torrent qui dévalait la montagne. Mais on va garder un super souvenir de cette forêt enchantée…
Hum, merci pour ce post ! Pendant 5 minutes, j’ai voyagé bien loin de la queue pour le cours de judo de Eve 😉
Content de pouvoir te rendre service 🙂 Gros bisous à tous et mention spéciale à ma filloute d’amour !
Ça y est, vous avez franchi la ligne , vous êtes resplendissants, vos écrits nous emportent et la maitrise fotos commence a se ressentir vous allez vite atteindre l’excellence ! Des BISOUS Papily
Merci, gros bisous !!
Trop chouette, le temps de vous lire et j’imaginais les moments magiques et durs que vous avez vécu, avec sûrement le sourire à la fin….plein de belles choses vous nous faites rêver. Bisous
Oui heureusement, tout est bien qui fini bien… et même cette descente humide nous laissera quelques souvenirs et aura au moins permis de renforcer les liens 🙂
Coucou, vous êtes allé vous promener dans la forêt de Princesse Mononoké (veinard(e)s !). Plein de gros bisous à tous les 4
Oui quelle fabuleuse expérience. L’île tout court est empreinte d’une atmosphère particulière. On ressent réellement des choses en posant le pied sur cette terre, sans pouvoir le décrire précisément… comme si les esprits de l’île étaient présents dans chaque cm²… La forêt nous a transporté dans un monde à la fois effrayant et tellement beau. Un grand souvenir en tout cas ! Bisous
Bonjour a vous 4, C’est une belle aventure, un peu effrayante et humide mais quel souvenir.
Greg ! J’aurai pas voulu etre avec toi quand vous marchiez dans le noir derriere M Mi kun, Laetitia et les enfants non pas eu trop peur ?
En tout les cas bravo et quelle écriture, un vrai plaisir de vous lire.
A tres bientot.
Merci Ahmed ! Non heureusement personne n’a eu peur… juste le sentiment de s’en remettre complètement à un inconnu, mais ça va :).
De beaux souvenirs en tout cas !
Aventures et mésaventures … Évidement de bons souvenirs pour le futur même avec un présent difficile … Au final, je vous souhaite un peu de mal : Continuez comme ça!
Coucou Delphine,
Merci ! A bientôt ! Bisous. Greg
Coucou la famille, j’étais accrochée à la lecture des mots tel un thriller avec un suspense (bon rassurée quand même puisque vous étiez là pour le raconter). Un an à entendre parler de votre aventure par la maman et voilà qu’on l’a vit un peu (un tout petit peu) avec vous. Votre blog est suivi au sein du CSC.Parfois on entend un….. « Ils sont où là? » Gros bisous et profitez bien
Merci beaucoup, on profite à 200% de l’aventure et on essaye de prendre le temps de vous la faire partager 🙂